[HAPPY STORY] #1 Rencontre improbable à Lisbonne

[HAPPY STORY] #1 Rencontre improbable à Lisbonne

13-03-2019

Pour nous suivre :

Josh mange seul à une table pas très loin de la nôtre.


Tous les 4 sommes arrivés tôt dans ce resto branché du Bairro Alto, quartier tout autant branché de la capitale portugaise. Nous voulions nous assurer d’une table bien placée en terrasse et surtout gérer l’appétit féroce de nos deux lionceaux Hugo et Tom…Le « vieux lion » se défend pas mal non plus mais depuis qu’il a décidé de retrouver une seconde jeunesse et manger plus sereinement, la taille et la composition des gamelles a évolué vers plus de vert et de crû, ce qui n’est pas pour lui déplaire surtout vu la vitalité retrouvé. La sieste quotidienne à l’ombre de son chêne liège (ou chêne vert ?) préféré n’est plus obligatoire :-)


Attenant à The Independente Hostel & Suites (concept d’auberges de jeunesse propres, design et pas trop chères tout comme celles de Generator que nous avons découvertes à Rome et Paris ou d’autres à Durban et Johannesbourg), O Decadente nous accueille dans une ambiance qu’Estelle décrira mieux que moi et on s’y sent bien. Hormis que les tables autour de nous sont quasiment toutes occupées par des Français. En voyage, on a toujours un peu de mal avec les Français. C’est peut-être que le temps d’un instant le voyage semble terminé et que nous sommes déjà rentrés. Nous tendons alors l’oreille et nous entendons ce fameux Josh soufflait au téléphone avant de raccrocher :


- Je suis censé lâcher prise comme tu dis mais je me fais déjà chier au bout de quelques jours. J’ai tellement de choses à faire…


Avec Estelle et les gars, on se met à sourire en le regardant. Lui aussi à son tour nous regarde tout sourire (cela illumine son visage blême et creusé par la fatigue) et nous interpelle :


- Désolé si vous m’avez entendu. Je ne veux pas gâcher vos vacances. Je ne sais pas depuis combien de temps vous êtes là…

- Ne vous en faîtes pas lui répond Estelle. On vient d’arriver. On ne reste quelques jours en famille avant de repartir sur Biarritz. 

- Biarritz, j’adore ! (on nous dit souvent ça alors on ne relève pas forcément :-))). J’y ai passé de si belles années à l’époque où je surfais. Vous surfez du coup ?

Nos 2 gaillards jouent au rugby et bizarrement le monde du surf et du rugby ne se côtoient pas vraiment. Estelle et moi avons fait quelques tentatives à notre arrivée dans la région. Estelle a de beaux restes de la Réunion à l’époque où il n’y avait pas autant d’attaques de requin. De mon côté, je me lève difficilement sur la planche mais maintenant que je commence à me sentir plus léger et que j’ai retrouvé une patate d’enfer, je m’y remets !

- Cela ne vous dérange pas si je vous demande votre solution miracle car je pense que nous avons environ le même âge et je me sens tellement fatigué…


Josh nous raconte alors son incroyable parcours de surfeur pro qui a découvert les plus beaux spots dans le monde grâce à ce sport. Tout en faisant défiler des photos sur son Iphone, Il ne montre pas de signes d’agacement lorsqu’il évoque le nom de très grands surfeurs. Ceux qu’il a croisés à l’époque, qui l’éclaboussaient tellement de leur talents qui paraissait inné qu’il n’a jamais vraiment été dans la lumière. Nous lui racontons notre installation en Nouvelle-Calédonie et son regard d’un vert profond brille, son visage s’illumine lorsqu’il nous raconte une étape « pas loin » à Fidji. Il nous avoue aussi son étonnement que certains continuent encore de danser avec les vagues alors que lui est désormais dans le monde des affaires.  


Lorsqu’il sillonnait la planète avec sa planche sous le bras, Josh se demandait si un jour il serait rassasié de découvrir d’autres lieux, d’autres visages, d’autres modes de vie ? Il se questionnait sur ce qui l’attirait dans les voyages. Une chose était sûre, c’est qu’il adorait faire son sac et partir le plus léger possible mais aussi revenir dans un nid douillet et balancer ses affaires une bonne fois pour toutes…jusqu’à la prochaine compet ! :-)


- Je parle, je parle mais vous alors, vous l’avez chopé où le virus du voyage ? 15 ans en Calédonie, un tour du monde de presque 2 ans en famille et maintenant Biarritz. Quelle chance ! 


- Je ne sais pas si c’est de la chance. Sûrement de l’avoir fait sans encombres et d’être une famille encore plus soudée. De mon côté, contrairement à Estelle qui est partie ado à la Réunion, j’ai voyagé pour la première fois hors de France en 90 (à 19 ans) aux Etats-Unis et quelle claque ! Je me souviens de mon retour en France avec cette phrase « Mais c’est tout petit ici » :-). A l’époque, j’étais étudiant à l’IDRAC Montpellier lorsqu’entre la première et deuxième année, nous avons eu l’opportunité grâce à notre prof d’Anglais de partir  avec un visa J1 d’étudiant pour y travailler pendant 2 mois. Seule condition avant de partir, avoir trouvé un job là-bas. C’est une entreprise à Atlanta de vente de glaces en camion qui nous a «embauchés». Je me rappelle qu’on arrivait sur les parkings des entreprises en faisant retentir une cloche qu’on activait depuis la cabine à une petite corde et on criait « Ice Cream, Ice Cream ». Il y a presque 30 ans, sans le savoir, nous testions déjà le concept Food Truck ! :-)

 

Hugo et Tom se marrent surpris de découvrir cette histoire…que je leur ai raconté 100 fois déjà mais ce n’est pas bien grave. Je me rappelle également que je me perdais aussi dans ce qui était dans les années 90 le plus grand échangeur autoroutier du monde dans la banlieue d’Atlanta.  Le tout, évidemment sans téléphone, GPS…  


C’est à ce moment que Josh répond à un coup de fil. A la fin de sa conversation, il marque une pause et enchaine sur une tirade sans fin sur la liberté perdue depuis qu’il a crée sa start-up. Hugo et Tom s’impatientent car nous n’avons toujours pas commandé. Il ne faudrait pas que nos ogres loupent leurs tours car la terrasse s’est désormais sacrément remplie. L’arrivée de 2 belles jeunes filles avec leurs parents qui s’installent à quelques tables de nous ne les perturbe absolument pas. Ils ont la tête dans le menu et prient pour que la serveuse vienne nous voir.


Je repense à ce que Josh disait sur la notion de liberté.

Avec Estelle, c’est un sentiment que nous avons ressenti pendant longtemps lorsque nous vivions en Nouvelle-Calédonie. Un sentiment mêlé à un autre aussi de ne pas être chez nous, de nous sentir immigrés dans notre propre pays. Nous étions conscients de vivre à 20 000 kms de la métropole. Après Estelle qui l’a entendu petite à la Réunion, on nous a rappelé assez régulièrement que nous n’étions pas des locaux mais des Zoreilles, des métro…Les enfants qui sont nés en Nouvelle-Calédonie nous confirmaient être durs à l’école avec celles et ceux qui arrivaient de métropole.  


Pour répondre à Josh sur le virus du voyage, Il faut croire que nos 15 années en Nouvelle-Calédonie à tenter de comprendre autant que possible la culture de ce « pays » si éloignée et si différente de notre métropole n’ont pas comblé cette soif de découvertes et d'apprentissage. 

Ce caillou du bout du monde perdu dans l’océan pacifique entre l’Australie et la Nouvelle-Zélande a pourtant tellement de fabuleuses histoires à raconter. Elles ne sont évidemment pas toujours roses car elles font échos au colonialisme, au temps du bagne, aux évènements dans les années 80…Je me rappelle d’un livre que j’ai lu sur place à notre arrivée sur le territoire en 2000, l’Appel du Pacifique* d’Anne-Lyse Pentecost qui expliquait la vie de certaines grandes familles…avant qu’elles soient grandes justement. Les Pentecost, les Lafleur…


Quelle fabuleuse énergie qui émane de ce caillou lorsque nous foulons son sol pour la première fois en 1999 lors d’un premier voyage repérage. Elle restera à jamais gravé en nous. C’est une île qu’on peut ne pas aimer au premier abord et pourtant elle a tant à donner. Les calédoniens sont tellement attachants. Une partie de notre coeur est en Nouvelle-Calédonie. Nous pensons souvent à notre seconde famille là-bas et nos amis. La période actuelle (du fait des 2 référendums d’autodétermination à venir) est tendue. Nous sommes toutefois confiants sur le long terme et nous avons hâte d’y faire un saut prochainement.


Nous échangeons nos coordonnées avec Josh et en partant les enfants nous disent :


- Il serait pas un peu mytho votre Joss ?

- Josh, il s’appelle Josh, regarde sa carte. Il a un site web, on va aller voir ce qu’il fait notre ancien surfeur…


 

  


*Résumé du livre de chapitre.com

« Une histoire toute faite d'amours : amour des îles du Pacifique, d'abord; amours interdites aussi...

A la fin du siècle dernier, la Nouvelle-Calédonie et les autres îles sont un mirage de prospérité pour les marchands, trafiquants, missionnaires et colons européens qui déferlent dans le monde des autochtones kanaks. Parmi eux, Dick Pentecost, flamboyant aventurier anglais, un brin pirate. En épousant la fille d'un chef kanak, il ébauche la fusion entre les peuples. Bien des voyages, des années et des péripéties plus tard, son petit-fils Edouard, métis, s'éprend d'une fille de très bonne famille.

Les deux jeunes gens, unis contre tous dans leur "scandaleuse passion", vont se battre pour que leur pays si riche des sangs du monde entier trouve enfin sa place dans la société moderne.. »



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